Performance audiovisuelle de 30 minutes. Earthsatz possède aussi une version exposable (tirages & vidéo).

Performance réalisée avec Dylan Cote

Scruter la planète en référençant chacune de ses facettes, c’est chercher à l’épuiser, tout dire d’elle, désenchanter l’idée d’un ailleurs inconnu en la remplaçant par une vision rationnelle et immuable. Google Earth est un projet à la fois infini et imparfait : faire tenir le monde dans un smartphone, ce n’est pas seulement le regarder comme un objet d’étude scientifique, c’est aussi le compacter. L’image est peu précise, les volumes sont altérés, la ville est silencieuse, les voitures statiques, la vie inexistante. « Tenez le monde entier dans vos mains » : un drôle de slogan pour une étrange vision du monde.

Pourtant, le monde raconté par Google Earth reste intrigant. Les imperfections de ses formes, les défauts de ses textures et la froideur de cette représentation constitue les attributs d’un univers nouveau, hybride, relevant davantage de la fiction algorithmique que de notre réalité tangible. Earthsatz cherche à amplifier la poésie froide et angoissante générée par ce « monde de poche » où les pixels ont remplacé les particules.

L’enjeu est de parvenir à contempler cet espace pour qu’il est : un univers fictif singeant le nôtre tout en développant sa propre autonomie, sa propre logique, sa propre physique. En scannant à notre tour une partie du monde généré par les scans de Google, nous ajoutons une couche de pertes d’information, une compression plus grande et donc une amplification de ses caractéristiques fantastiques.

Earthsatz propose alors une balade dans ce troisième monde dont les aspects fictionnels, artificiels et irrationnels sont célébrés au travers d’une mise en lumière de ses aberration et d’une dégradation progressive de ses formes. Ces paysages tourmentés se prolongent dans des sonorités sombres et pesantes, bande son d’un univers synthétique en décomposition, rugissements d’une mise en équation planétaire.